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Peut-on carburer au biogaz ?

Et si la station-service du futur ressemblait… à une étable ? En Auvergne, il est désormais possible de faire le plein directement à la ferme pour se fournir en biogaz, un carburant obtenu à partir du fumier des vaches ! Science-fiction ? Pas du tout ! C’est ce que l’on appelle la méthanisation, un procédé qui permet de produire de l’énergie décarbonée extraite des déchets agricoles. Alors, on met les gaz pour partir à la découverte de ce procédé étonnant ?

La méthanisation, c’est un processus de fermentation des matières organiques dans un milieu privé d’oxygène. Il se déroule naturellement dans le système digestif de certains animaux, mais aussi dans les rizières, les décharges ou les marais.

Les déchets concernés sont les déchets agricoles comme le fumier, les déchets céréaliers, les effluents (c’est-à-dire les fluides) issus de l’élevage, dont les urines et excréments d’animaux, les déchets des abattoirs, etc. C’est ce que l’on appelle des biodéchets. La transformation de ces matières organiques en biogaz repose sur l’action de bactéries : en 1 mois, la dégradation des déchets produit un mélange gazeux composé de 50 à 70% de méthane. Adaptée au milieu industriel, cette technologie peut être reproduite dans des cuves hermétiques.

Dans la synthèse de son 6ème rapport d’évaluation, le Giec cite le biogaz (nettement derrière le solaire et l’éolien) comme l’une des solutions de réduction des émissions de gaz à effet de serre dont les bénéfices sont supérieurs au coût de mise en place. Le biogaz est donc une énergie renouvelable qui peut être utilisée sous forme de combustible pour la production d’électricité, de chaleur et de carburant, ou pour être injectée dans le réseau de gaz naturel après épuration.

Ainsi, le zoo de Beauval, le plus grand parc animalier de France, produit du biogaz à partir de fumier, des déchets verts et des excréments des animaux qu’il accueille sur ses 35 hectares de terrain. La fermentation des déchets alimente des turbines qui produisent de l’électricité pour chauffer les serres des gorilles et le bâtiment d’hiver des éléphants !

Et, au-delà de chauffer les appartements privés de la famille Eléphants, quel est l’intérêt pour la planète ? Le biogaz permet de diminuer les émissions de gaz à effets de serre en évitant l’usage d’énergies fossiles néfastes pour la planète, valorise les déchets organiques et est à la source d’une énergie produite et consommée localement.

Et en France, ça se développe ? Le biométhane, c’est 0,9% de la consommation annuelle de gaz en France. Mais si l’Allemagne, la Grande-Bretagne et la Suède sont les plus en avance dans le développement de la méthanisation, la France est bien positionnée : elle est au 5ème rang en termes de production de biogaz injectée dans les réseaux de gaz naturel.

En France, on compte ainsi plus de 1700 sites de méthanisation, dont plus de 80% détenus par des agriculteurs, et 90% du gisement de biomasse d’origine agricole. Économie circulaire, procédé climato-friendly, mais si on habite en ville, on est privé de biogaz ? ☹

Mobilités urbaines

Les usages en ville sont nombreux ! Le biogaz peut être transformé en carburant pour faire circuler les flottes de bus ou les véhicules de collecte. Par exemple, la méthanisation des eaux usées permet de produire du biogaz qui alimente les réseaux de transports en commun. C’est un procédé mis en place par Veolia dans la communauté d’agglomération Var Estérel Méditerranée : le biométhane produit dans l’unité de méthanisation de la station d’épuration du Reyran correspond à la consommation de plus de 40% du réseau de transport public de bus.

Production de biogaz à la STEP du Reyran grâce à la méthanisation © Veolia France - Les liens hypertextes dirigent vers des contenus qui sont ou peuvent être protégés par des droits de propriété intellectuelle

A Nîmes Métropole, une nouvelle usine de méthanisation des eaux usées inaugurée à l’automne 2022 en partenariat avec le groupe Veolia pourrait produire en vitesse de croisière l’équivalent de la consommation annuelle des 24 bus de la ligne T2 du tram-bus de Nîmes Métropole.

Plus de 1 000 projets de méthanisation sont identifiés ou en cours de développement en France. Si 80% des projets aboutissent, ils permettront de produire 16TWh/an, s'ajoutant aux 6,4 TWh/an de gaz vert actuellement produits par méthanisation, soit plus de 25% des importations de gaz russe (85TWh/an).

Les collectivités soucieuses de limiter le recours aux énergies fossiles et de favoriser l’usage de carburants plus verts, et les habitants à leurs côtés, peuvent ainsi agir pour développer les mobilités propres. Pour cela, pas besoin de chercher très loin : on carbure au biogaz !

D’autant que le carburant de demain se trouve peut-être… dans vos poubelles ! En effet, une disposition de la loi dite “Anti-gaspillage” (AGEC) prévoit qu’une solution de tri de leurs biodéchets soit proposée à tous les Français d’ici le 1er janvier 2024. Un certain nombre de ces biodéchets pourraient ensuite se retrouver dans les méthaniseurs, et devenir du biogaz.




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Quel est le volume de biogaz dans la consommation annuelle de gaz en France ?

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