Le terme banquise est souvent utilisé dans un sens très large. Pourtant il désigne strictement une étendue marine ou côtière couverte par une couche de glace qui résulte de la congélation de l’eau de mer, opérée entre -1 et -2°C selon la salinité. Elle peut être attachée au rivage – on parle alors de banquise « côtière » - ou mobile, c’est-à-dire déplacée par les courants – on parle alors de banquise « dérivante ». Elle est à distinguer de la calotte glaciaire, glace d’eau douce reposant sur une couche terrestre.

On trouve des étendues de banquise principalement en Arctique, et en périphérie de l’Antarctique.

L’Arctique se situe au pôle Nord. (Eh non, on n’y trouve pas le Père Noël, car contrairement à l’ours polaire qui en a fait son lieu de résidence, il ne vit pas sur la banquise mais dans un village proche de Rovaniemi en Laponie, en Finlande 😉). L’Arctique est un océan entouré de terre qui joue le rôle de modérateur de climat. Il aide les courants des océans à circuler. En hiver, la banquise arctique augmente puis elle diminue et se rétracte au printemps. Mais à cause du dérèglement climatique, elle augmente moins l’hiver et diminue plus rapidement au printemps. En 2019, le Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) avait estimé que l'Arctique se réchauffait « de plus du double de la moyenne mondiale ». Une étude parue en août 2022 dans la revue scientifique Nature a révélé des résultats encore plus alarmants : l'Arctique ne se réchauffe plus 2 fois plus vite mais … 4 fois plus vite que le reste du globe.

L’Antarctique - lieu de résidence du pingouin - se situe au pôle Sud. Il concentre 90% de la glace terrestre et 70% des réserves d’eau douce mondiale gelées. Dans les années 1980, l’Antarctique perdait 40 milliards de tonnes de glace par an. Entre 2009 et 2017, c’était 252 milliards de tonnes chaque année. La côte ouest de l’Antarctique est une des parties de la planète qui s’est le plus réchauffée durant les 50 dernières années, avec une hausse des températures de 3°C dans cette région. Là aussi, la situation est préoccupante. La banquise antarctique vient de battre un triste nouveau record de fonte. Pour la 2e année consécutive, la banquise a atteint sa plus faible étendue de glace lors de l’été austral 2023, depuis le début des observations satellites en 1979. Elle est tombée à 1,91 million de km2, lundi 13 février. Les “bonnes années”, la surface de banquise dépassait 3,5 millions de kilomètres carrés au plus fort de la fonte estivale.

Pas du tout ! Cette idée fausse, largement répandue, doit son origine à la confusion qui est faite entre la banquise et la calotte glaciaire.

Comme on l’a vu précédemment, la banquise est de l’eau de mer congelée. Le glacier, lui, est une glace d’eau douce qui se forme sur le continent, à partir de la neige. C’est quand le glacier fond que le niveau des mers augmente. Et il n’a de cesse, lui aussi, de battre des records. Chaque année, le niveau des océans et des mers monte de 3,2 millimètres. D’après des recherches publiées en février 2022, le niveau des océans s’élève de plus en plus vite et devrait gagner 30 cm d’ici à 2050 (ce qui conduira, entre autres, à des inondations majeures, à la submersion de certaines villes et au déplacement de millions d’individus).

Quand la banquise fond, elle n’élève pas le niveau des mers car elle ne met pas d’eau supplémentaire dans les mers. En effet, en vertu du principe de la poussée d’Archimède, la banquise qui flotte sur l’océan déplace un volume d’eau de mer dont le poids est égal à celui de la glace. Donc si cette glace fond, l’eau de fonte occupera exactement le volume d’eau de mer déplacé par la banquise.

Mais les conséquences de sa fonte n’en sont pas moins dramatiques. La fonte de la banquise signifie une augmentation de la température des océans, une dilution du sel marin, un ralentissement des courants et une baisse de la capture du CO2. Cela signifie aussi que la survie de certaines espèces est bel et bien menacée, à tel point que des animaux comme les ours polaires tendent à devenir des « réfugiés climatiques ». Il n'est ainsi pas rare de les voir désormais investir des villages situés dans l’archipel arctique à la recherche de nourriture.

Le changement climatique est une réalité. Cet ours polaire décharné en est le bouleversant symbole et le rappel, s’il le fallait, de l’impérieuse urgence à agir.