Ce qu’on appelle “l’effet cocktail”, ce sont les risques potentiellement provoqués par la combinaison de plusieurs micropolluants, qui, individuellement, ne présentent pas de risque pour la santé humaine. Si l’impact des micropolluants sur notre santé peut, en l’état actuel des connaissances, sembler faible, c’est aussi parce que l’effet cocktail en rend très compliqué la mesure.

Avec 110 000 molécules, on fait combien de cocktails ? 110 000 molécules au total sont recensées par la réglementation européenne, ce qui fait donc des milliards de combinaisons possibles. On comprend mieux pourquoi les scientifiques peinent à quantifier le phénomène.

Les risques potentiels sont classés en plusieurs catégories. La famille la plus connue aujourd’hui, c’est celle des perturbateurs endocriniens. Mais ces substances peuvent aussi être cancérigènes, mutagènes (apparition de nouveaux caractères héréditaires), reprotoxique (perturbation de la capacité de reproduction), neurotoxique (perturbation du fonctionnement et/ou du développement des cellules du système nerveux), tératogène (développement de malformations congénitales) et immunotoxique (abaissement de la protection immunitaire).

Par ailleurs, une étude menée par l’Institut national de la recherche agronomique (INRAE) estime que nous ne serions exposés qu’indirectement aux micropolluants présents dans l’eau. C’est un autre élément qui amène à relativiser leur impact sur la santé humaine… mais aussi à en complexifier l’analyse. Le problème, c’est l’accumulation dans le temps de micropolluants en raison de nos modes de production et de consommation. On en retrouve dans notre alimentation, dans nos produits d’hygiène et d’entretien, etc. Comme nous l’avons vu plus haut, les traitements appliqués à l’eau potable garantissent néanmoins sa qualité et éliminent partiellement la très faible proportion de micropolluants présents, les filières n'ayant pas été initialement conçues pour les traiter.

Micropolluants : plongée dans l'invisible