L’argument avancé : c’est trop tard !
Contre-argument : La bataille n’est pas perdue.
Ne cédons pas au discours de l’effondrement prôné par les collapsologues en baissant les bras. « Il n’est jamais trop tard pour agir en faveur du climat ». Dans une tribune collective, des scientifiques auteurs du dernier rapport du GIEC affirment que « chaque fraction de degré de réchauffement évité compte (…) même si nous devions, au moins temporairement, dépasser les 1,5 °C. ». Rappelons que l’objectif de l’Accord de Paris en 2015 était, d’ici à 2100, de contenir la hausse des températures bien au-dessous de 2 °C par rapport aux moyennes préindustrielles, de préférence 1,5 °C. Chaque émission de CO2 d’ici à 2100 compte. Une chose est sûre : plus tard nous agirons, plus nous nous rapprocherons de la catastrophe.
L’argument avancé : Les gens ne voudront jamais changer pour réduire l’impact CO2.
Contre-argument : La destruction de l’environnement n’est pas inhérente à la nature humaine.
Certes l’espèce humaine serait responsable d’extinctions majeures, dont celle de Néandertal, et d’une extinction en cours… mais les humains ont aussi été capables de vivre pendant des siècles sans détruire leur environnement. Aujourd’hui encore, les peuples autochtones, qui ne représentent qu'environ 5 % de la population mondiale, protègent des territoires qui contiennent environ 80 % de la biodiversité mondiale, stockent l'équivalent de quelque 33 années d'émissions mondiales de carbone et fournissent toute une gamme de services écosystémiques pour les 95 % restants de l'humanité. 6 habitants du monde sur 10 (60 % des Français) affirment être prêts à accepter la plupart des changements (économiques, culturels, sociaux) qu’impliquerait le déploiement massif des solutions écologiques. Mais à des conditions claires : aucun risque pour la santé, une répartition de l’effort équitable et l’utilité éprouvée de la solution. Le changement est en route !
L’argument avancé : C’est aux autres de changer !
Contre-argument : Chacun peut et doit faire sa part, au plan individuel et collectif.
Bien sûr, seule une action collective qui implique les politiques, les entreprises, les associations et l’ensemble de la société civile permettra d’avoir un impact majeur sur le dérèglement climatique. Mais en tant que citoyens, nous pouvons "faire notre part” pour paraphraser Pierre Rabhi… Alors n’arrêtons pas de prendre les transports en commun, faire du covoiturage, privilégier la voiture électrique, nous déplacer en train, réduire les voyages en avion…
L’argument avancé : Que les gros pollueurs lèvent d'abord le doigt !
Contre-argument : Tout le monde doit se remettre en question.
Avec plus de 10 milliards de tonnes de CO2 émises chaque année, soit 27 % des émissions mondiales, la Chine est le pays le plus pollueur du monde. La France semble avoir tout du bon élève, avec 1,5 % des émissions. Mais ramené au nombre d’habitants, le rapport est tout autre. La France dépense 4,4 tonnes de CO2 par habitant, et la Chine 7,3. Et encore, si l’on ajoute les émissions importées, celles relatives à la fabrication de nos produits… en Chine, l’empreinte carbone de la France grimpe à 10 tonnes de CO2 par habitant. On fait moins les malins… En matière d’efforts, tous les pays doivent s’y mettre !
L’argument avancé : « Si nous baissons en premier nos émissions, d’autres pays vont profiter de nous ». Donald Trump, sur les Accords de Paris.
Contre-argument : Il est fondamental de mener des politiques d’atténuation et d’adaptation.
Le climat et l’environnement étant des biens communs, il peut être tentant, voire facile, d’adopter une stratégie de passager clandestin, espérant obtenir les gains d’une action collective (les réductions d’émissions de GES réalisées par d’autres pays) sans pour autant réduire ses propres émissions. Aujourd’hui, le monde livre une bataille sur deux fronts : une stratégie d’atténuation - pour freiner puis stopper l’augmentation des émissions de combustibles fossiles - et une stratégie d’adaptation - création d’infrastructures résilientes, politiques de financement… Il faut continuer… et accélérer !
L’argument avancé : La technologie va nous sauver.
Contre-argument : Le miracle technologique n’existe pas.
Batteries plus endurantes, hydrogène vert pas cher, fusion nucléaire…, les innovations technologiques vont bon train pour atteindre la neutralité carbone. Elles sont à encourager – et elles le sont par le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) – car elles participent de la solution. Mais elles ne sont pas LA solution. Le techno-solutionnisme ne sauvera pas le climat à lui tout seul. L’humain reste indispensable.
L’argument avancé : Nous avons élaboré un plan.
Contre-argument : Seuls les actes comptent.
En termes d’engagements dans la lutte contre le changement climatique, les acteurs politiques, à l’échelle européenne ou celle des pays, annoncent souvent des plans qui n’ont d’historiques que le nom. Prenons l’exemple de la France. Valérie Masson-Delmotte, co-présidente du groupe de travail 1 du GIEC, a rappelé le 4 octobre 2019 devant la Convention Citoyenne pour le Climat que nos émissions stagnent depuis quelques années alors que le pays doit baisser ses émissions de 7,6 % par an… Place aux discours de preuves !
L’argument avancé : Avec la voiture électrique, plus besoin de pétrole.
Contre-argument : Et les matières premières pour fabriquer les batteries, on les trouve où ?
Certes, sur la route, une voiture électrique préserve davantage la planète qu’une voiture essence ou diesel. Pour autant, la voiture électrique n’est pas l’alpha et l’oméga d’une politique de transport bas carbone. En effet, les batteries sont composées de métaux dont l’extraction et la fabrication sont fortement émettrices de CO2. Sans compter qu’aujourd’hui, moins de 5 % des batteries en fin de vie sont effectivement recyclées. Alors, mettons le cap sur la sobriété… et la réutilisation des précieux métaux qu’elles contiennent !
L’argument avancé : Les taxes sont contre productives.
Contre-argument : Malheureusement, sans contraintes réglementaires, l’humain a du mal à changer.
Rappelons que les citoyens proposant des solutions au travers de la Convention Citoyenne pour le Climat ont été comparés à des Khmers verts ! Citoyens ou entreprises, nous ne changeons souvent que sous le coup de la réglementation. Le parallèle avec les radars sur la route, ça vous parle ?
L’argument avancé : Si on fait passer cette mesure, le pays risque d’être paralysé par les grèves.
Contre-argument : Ne vous cachez pas derrière votre petit doigt !
En politique, comme dans la vie, on ne peut pas plaire à tout le monde. Toute décision est le fruit d’un arbitrage. Il y aura forcément des déçus et des mécontents. Il importe de dialoguer, d’expliciter le sens des mesures pour convaincre l’opinion. Ce n’est pas une excuse pour ne rien faire…
L’argument avancé : Il ne faut pas laisser tomber les pays en voie de développement.
Contre-argument : La croissance verte est possible.
La croissance permise par les énergies fossiles a certes permis certes de sortir des millions de personnes de la pauvreté, mais elle a aussi creusé les inégalités et n’a pas empêché une grande précarité. Par ailleurs, une société sans pétrole ne rime pas avec retour à l’âge de pierre. Pour preuve, les énergies renouvelables - éoliennes, hydrauliques, solaires - dessinent déjà la transition pour tous.
L’argument avancé : Il est injuste de pénaliser les plus précaires.
Contre-argument : Au contraire, les mesures pour lutter contre le dérèglement climatique pénaliseront les plus riches car ce sont eux qui polluent le plus.
En 2019, les 1 % les plus fortunés de la planète étaient à l’origine de 17 % des émissions mondiales de CO2 et les 50 % les plus pauvres de la population mondiale n’ont entraîné que 12 % des émissions mondiales. En Europe, près de 11 % des émissions liées au logement proviennent des 1 % d'émetteurs les plus importants, qui possèdent de grandes maisons - et souvent plusieurs. Les SUV qui transportent présidents, chefs d'entreprise et célébrités - et de plus en plus de familles de la classe moyenne dans les villes - sont devenus un symbole de statut social, malgré leur impact sur l'environnement. CQFD.
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