Les bâtiments constituent l’une des toutes premières atteintes humaines à l’environnement. Trois raisons à cela : l’artificialisation des sols que génère leur construction, les matériaux utilisés pour les bâtir et l’énergie qu’ils consomment.

Ils occupent un espace au sol qui accentue la pression sur les espaces naturels et les réduisent. L’artificialisation des sols génère une perte de la biodiversité et accroît les ruissellements de l’eau sur le sol.

A l’échelle mondiale, les bâtiments seraient responsables de 37 % de nos émissions de gaz à effet de serre. En 2019, les émissions du secteur du bâtiment avaient même atteint 10 millions de tonnes de CO2, un niveau record !

Si rénover massivement les bâtiments existants, avec notamment la suppression des passoires thermiques et l'amélioration de l'habitat, fait partie de la solution pour lutter contre le réchauffement climatique, il faut aussi inventer de nouveaux bâtiments qui consommeront moins d’énergie, voire seront à énergie positive, et seront ainsi plus respectueux de la planète et du bien-être de ses habitants. C’est l’objectif de “l’architecture verte”. Et ce que faisaient nos ancêtres, dans les pays chauds notamment, avec leurs modes de construction.

L’architecture verte s’inscrit dans une démarche de réconciliation entre l’Homme et la Nature en réintroduisant le végétal en ville. Elle se différencie de l’architecture durable ainsi que de l’architecture écologique en ce sens où elle mobilise plantes et espaces verts dans sa démarche de construction. Il s’agit notamment d’installer des murs végétalisés, ce qui, au-delà de l’esthétique, a pour effets positifs d’améliorer le confort thermique et phonique. Les plantes permettent de réduire la température de la façade et donc l’usage de la climatisation l’été. Les façades végétalisées contribuent également à rafraîchir l’air extérieur en milieu urbain. Une étude menée en 2008 dans 9 villes du monde pendant le mois le plus chaud de l’année démontrait déjà, à l’époque, que la température pouvait être diminuée de 3,6°C à 11,3°C à l’heure la plus chaude et de 3°C à 9,1°C en moyenne sur la journée, grâce aux murs et toits végétalisés.

Si l'architecture verte présente des avantages, ce matériau qu’est la végétation exige autant d’attention - en particulier sur sa bonne étanchéité - que d’entretien. Le manque d’entretien peut provoquer l’apparition de nuisibles. En 2020, des habitants du quartier du “Jardin forestier de Qiyi City, à Chengdu, dans le centre de la Chine, ont dû fuir leur logement à cause de la végétation luxuriante qui a envahi les balcons et provoqué la prolifération de moustiques ! Mais elle nécessite aussi une bonne irrigation pour maintenir le taux d’hygrométrie, c’est-à-dire le taux de vapeur d’eau dans l’air nécessaire à la plante.

Au-delà de cette nouvelle architecture qui prône l’usage du végétal, le bâtiment se réinvente face à l’urgence climatique. Aux matériaux très émetteurs de carbone comme le béton sont préférés des matériaux biosourcés comme le bois, et une grande attention est portée à la gestion de la production et de la consommation de l’énergie. Cela passe par l’isolation thermique, l’étanchéité, ou encore la ventilation pour réduire au maximum la consommation d’énergie. On parle alors de Bâtiment Basse Consommation énergétique (BBC). Il existe même aujourd’hui des bâtiments à énergie positive (BEPOS), des bâtiments qui produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment !

…Amsterdam, aux Pays-Bas. Inauguré en 2015 et élu « le plus vert au monde » en 2016 par l’agence britannique BREEAM, The Edge, siège de l’entreprise Deloitte, est un des bâtiments les plus intelligents du monde. En plus de panneaux solaires, de systèmes de géothermie et de récupération des eaux de pluie, ses 28.000 capteurs connectés permettent une gestion fine de l’éclairage et de la température par les collaborateurs depuis une application mobile. Bâtiment à bilan énergétique nul, The Edge produit 102 % de sa propre énergie.