Une température de 30 degrés à la surface de la mer ? Il s'agit d'un niveau extrêmement rare mais qui a été atteint à l'été 2022 au large de la Corse.
Une eau plus chaude, c’est, certes, agréable pour la baignade mais cela équivaut à un véritable cataclysme pour les écosystèmes marins. C’est comme si la faune et la flore sous-marines avaient … brûlé. La biodiversité est menacée, et les espèces invasives se multiplient. Une situation tellement anormale et préoccupante que les scientifiques ont alors parlé de « canicule marine » et de « tropicalisation » de la Méditerranée.
Si le dérèglement climatique et des conditions météorologiques particulières - températures élevées, absence de nuages pendant plusieurs jours, absence de vent – sont à l’origine de cette surchauffe des eaux, cet évènement anormal et inquiétant doit nous interroger, collectivement et individuellement, sur nos pratiques, à commencer par nos déplacements sur l’eau.
Vous êtes-vous déjà demandé quel était l’impact écologique des ferries et des bateaux de croisière que vous empruntez, parfois, lors de vos vacances ? Vous êtes-vous déjà questionné sur la meilleure façon de rendre votre balade au fil de l’eau plus responsable ?
Pour répondre à ces questions, suivez le guide ! Ohé, Ohé matelot, matelot navigue sur les flots ! Ohé, ohé matelot, matelot peut-il naviguer é-co-lo ?
Comme tout moyen de transport, le ferry et les bateaux de croisière polluent. En 2019, juste avant la pandémie de Covid, près de 30 millions de voyageurs ont passé leurs vacances à bord d’un bateau de croisière, soit une augmentation de +7% par rapport à l’année précédente. Et le secteur des croisières touristiques aurait retrouvé une activité encore plus dynamique qu’avant la pandémie. En France, le nombre de croisiéristes a doublé en dix ans, passant de 2,1 millions en 2009 à 4,5 millions en 2019. L’activité de croisière est particulièrement dynamique en Méditerranée.
Les bateaux de croisière représentent moins de 1% du trafic maritime mondial. Ça vous parait peu ? Il n’en demeure pas moins de véritables enjeux écologiques pour nos mers.. Ils consomment massivement du fioul lourd extrêmement polluant pour naviguer, et de l’énergie 24h/24 pour alimenter en permanence leurs équipements tels que les cuisines, les cinémas, piscines et autres loisirs. Autre pollution d’ampleur (légale, tant qu’elle se fait à plus de 12 milles marins des côtes) : le déversement des eaux usées non traitées. Et que dire des tonnes de déchets plastiques qu’ils abandonnent en pleine mer ou encore de la pollution de l’air rejetée par leurs cheminées ?
Depuis janvier 2020, l’Organisation Maritime Internationale (OMI) oblige les bateaux de croisière à utiliser des carburants marins dont la teneur en soufre est limitée à 0,5% (contre 3,5% jusque-là) sauf pour les navires équipés d’épurateurs, ce qui a poussé de nombreux navires à s’équiper de ces fameux équipements qui permettent de “laver” les gaz d’échappement d’un navire pour en éliminer le soufre. Sauf que dans la pratique, cela ne se passe pas toujours comme prévu. De nombreuses infractions sont constatées. Et difficile de dire avec certitude s’il s’agit de simples défaillances ou de fraudes volontaires. Au-delà de cette nouvelle régulation sur les carburants marins, de nouveaux modes de propulsion voient le jour, au gaz naturel ou hybride diesel-électrique, mais beaucoup reste à faire pour que le secteur opère sa pleine mue écologique.
Sur la terre ferme la grogne monte, et certaines collectivités n’hésitent plus à interdire l’accès de leurs ports à ces mastodontes des mers. A Venise, accusés de mettre en péril le centre de la cité des Doges, classé au patrimoine de l'Unesco, les grands navires de croisière affichant plus de 25 000 tonnes de jauge brute ne sont plus autorisés à entrer dans le bassin et le canal de Saint-Marc ni dans le canal de la Giudecca depuis le 1er août 2021. Et ça, c’est une bonne nouvelle !
Et moi, qu’est-ce que je peux faire (au-delà de ne pas me précipiter sur la première croisière venue quand je préparerai mes prochaines vacances) ?
Si vous pensez emprunter un ferry, vous pouvez déjà commencer par essayer de calculer ici l’empreinte carbone de votre déplacement.
Si vous êtes plutôt parti pour une petite balade en mer en famille ou entre amis, voici quelques écogestes à retenir pour vous assurer de ne pas mettre en danger la biodiversité marine :
- Commencez par faire attention… à vos déchets ! Eh oui, un coup de vent, et hop, c’est votre gobelet ou votre mégot qui finit à l’eau. On privilégie la gourde réutilisable et on prévoit d’emmener des poubelles pour trier ses déchets à bord.
- Le plastique est partout ! Plutôt que de les laisser dans l’eau, on ramasse les sacs et autres objets plastiques que l’on croise durant sa baignade et on les jette (dans la bonne poubelle) une fois rentré sur la terre ferme.
- Respectez les zones protégées, en particulier les zones interdites à la navigation pour préserver la faune et la flore. Et quand vous devez vous arrêter, posez vous la question du bon endroit pour le faire. De préférence, on s’arrête dans des zones de mouillage balisées. Et si on doit jeter l’ancre, on vise une zone sablonneuse et pas un fond herbeux qui pourrait abriter différentes espèces.
- Enfin, pour les amateurs de pêche, on n’oublie pas de se renseigner d’abord auprès des autorités maritimes locales de la région sur les périodes comme les zones autorisées. Des quantités comme des tailles de poissons et crustacés sont également à respecter, sans quoi vous vous exposez à une amende pouvant dépasser les 20.000 euros !