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L'Amazonie, poumon vert de la planète ?

Plus d’un tiers de la forêt amazonienne est aujourd’hui dégradé par l’activité humaine. Début 2023, la très sérieuse revue Science a publié deux études dressant ce constat alarmant : « Perdre l’Amazonie revient à perdre la biosphère, et ne pas agir est à nos risques et périls ». Mais quel est le rôle joué par cet immense écosystème réparti sur neuf pays latino-américains ? Et pourquoi des artistes comme Sting, Shakira, Leonardo di Caprio ou Will Smith s’engagent-ils pour protéger à tout prix cette forêt qu’on aime souvent qualifier de « poumon vert de la planète » ?

Eau douce, jaguars et dauphins roses. L’Amazonie, c’est une gigantesque forêt tropicale, la plus vaste de la planète (6,9 millions de km²), traversée par d’immenses fleuves tels que l’Amazone ou le Rio Negro, et dont 63% de la superficie est située au Brésil. Ses rivières, fleuves et nappes phréatiques souterraines représentent environ 20% de l’eau douce non gelée de la planète. Le territoire recèle des gisements d’or, de fer et de cuivre. C’est aussi un refuge de la biodiversité : un quart des espèces mondiales y sont présentes, soit 30000 espèces de plantes, 2500 espèces de poissons, 1500 espèces d’oiseaux, 2,5 millions d’insectes… On y trouve des espèces rares comme le dauphin rose, le pirarucu, un poisson pouvant peser 400 kilos, l’iguane d’Amazonie, et même le jaguar !

Climatiseur géant. L’Amazonie joue un rôle indispensable de régulateur climatique à l’échelle mondiale : c’est un puits de carbone, c’est-à-dire un réservoir naturel qui absorbe le carbone présent dans l’atmosphère. Il stocke entre 90 et 140 milliards de tonnes de CO2, selon le Fonds mondial pour la nature (WWF). Souvent qualifiée de « poumon vert » de la planète, l’Amazonie s’apparenterait plutôt, selon le scientifique Michael Coe, à « un climatiseur géant qui la refroidit ». Pourtant, les écosystèmes amazoniens sont fragiles et menacés par la déforestation, qui réduit sa capacité d’absorption du CO2. L’exploitation des mines, l’agriculture et l’élevage intensifs, l’implantation de routes et de centaines de barrages hydroélectriques libèrent d’importants volumes de carbone dans l’atmosphère et dans la mer, et dégradent massivement l’écosystème. A tel point qu’une grande partie de l’Amazonie, en particulier la partie sud-est, émet désormais plus de CO2 qu’elle n’en absorbe, ce qui rend beaucoup plus difficile la lutte contre la crise climatique.

Déforestation accélérée. Des incendies liés à l’exploitation détruisent chaque année des millions d’hectares de forêt : les terrains forestiers sont déboisés pour être cultivés, et des feux sont déclenchés volontairement pour fertiliser les sols, gagnant les forêts mitoyennes et altérant la qualité des rivières. Selon WWF, l’avancée de la déforestation en Amazonie, c’est l’équivalent de 222 terrains de foot… chaque heure !

Demain la savane amazonienne ? Selon les scientifiques et les organisations environnementales, l’altération de l’Amazonie pourrait être irrémédiable puisque celle-ci aurait atteint selon certains, ou serait sur le point d’atteindre selon d’autres, son « point de bascule ». Sous l’effet du changement climatique et de la déforestation, les pluies amazoniennes ne sont plus suffisantes. Ce sont notamment les « rivières volantes » qui sont en danger : ces nappes de vapeur d’eau qui déversent leur humidité sur l’Amazonie permettent aux arbres de jouer un rôle de « pompes hydrauliques ». Moins d’arbres signifie moins d’eau captée dans les sous-sols : la forêt luxuriante s’assèche, ce qui limite fortement ses capacités d’absorption du carbone. Ce point de bascule pourrait avoir un « effet domino » sur d’autres régions du monde, jusque dans l’Himalaya.

Choix politiques et action des ONG. Fin 2022, l’ancien président « Lula », revenu au pouvoir, s’est engagé à atteindre l’objectif d’une déforestation zéro en Amazonie d’ici à 2030. De leur côté, les ONG se sont fortement mobilisées depuis les années 90 : elles proposent de racheter des parcelles de forêt vierge pour les protéger, ou de replanter des arbres. Elles soutiennent aussi les communautés indigènes, menacées d’expulsion, pour défendre leurs droits à vivre en sécurité dans des parcelles de forêt vierge, et à développer des activités rémunératrices sans détruire la forêt.

Nous avons encore les moyens de préserver la forêt amazonienne. Mais cela nécessite, à n’en pas douter, de mobiliser des moyens, notamment politiques, pour tenir cet engagement.

Soigner le poumon vert. Mais comment agir, à mon échelle, pour préserver la forêt amazonienne distante de 8000 km ? Il existe des solutions à portée de main, comme diminuer notre consommation de viande. En effet, la majorité de la déforestation amazonienne sert à la culture du soja utilisé pour nourrir les animaux d’élevage que nous consommons. Nous pouvons aussi bannir l’huile de palme de nos caddies, pour éviter que la culture des



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La destruction de la forêt amazonienne équivaut à combien de terrains de foot par heure ?

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