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Le verre est mort, vive le verre !

Pots de confiture, bocaux de conserves, bouteilles de vins, bières et spiritueux, bouteilles de soda, flacons de parfum, pots de crème… Vous avez forcément un emballage en verre qui trône dans votre cuisine ou votre salle de bain. Près d’1 emballage sur 2 est en verre d’après l’Ademe (Agence de la transition écologique). Mais connaissez-vous son histoire ? Il a probablement déjà connu des dizaines, voire des centaines de vies. De quoi faire pâlir de jalousie le chat du voisin, qui pensait détenir un record avec ses 9 vies. Mais comment nos emballages en verre font-ils pour renaître ? Au-delà de l’exploit, est-ce bon pour la planète ? Quel est l’intérêt de prolonger sa durée de vie en développant le réemploi ?

Un matériau recyclable à 100 % et réutilisable à l’infini. Le verre illustre bien le principe d‘économie circulaire. Une fois nettoyé et concassé, il sert à la fabrication de nouveaux contenants (bouteilles, pots en verre…), mais aussi pour des matériaux isolants en fibre de verre, des agrégats de verre pour le béton et l’asphalte, des carreaux de céramique… C’est une renaissance à chaque fois. Aujourd’hui, les débris de verre issus de la collecte (le « calcin ») sont la matière principale de l’industrie verrière. Certains fours verriers fonctionnent avec plus de 90% de calcin. Or l’Ademe estime qu’1 tonne de verre recyclé ou « calcin » remplace 1,2 tonnes de matières premières servant habituellement à la fabrication du verre (notamment le sable et le calcaire) et permet d’éviter l’équivalent de 621kg de CO2 ! Avec 1 tonne de verre recyclé, on fabrique en moyenne 2 200 bouteilles de 75 cl.

La boucle de recyclage du verre (« bottle to bottle »). Concrètement, le particulier assure le premier tri du verre en l’apportant aux conteneurs ou colonnes de verre. Ensuite, les collectivités locales assurent la collecte puis l’acheminement vers un centre de tri, où le verre va être trié par taille, puis débarrassé de ses impuretés (métaux, plastiques, étiquettes, bouchons, etc.), et enfin nettoyé des résidus alimentaires ou cosmétiques. Cela passe par plusieurs étapes de tri : manuelle, mécanique et optique. Enfin le verre est broyé pour devenir du calcin. Il est prêt à être refondu dans des fours verriers et soufflé dans des moules pour redevenir un emballage de même qualité. La boucle du verre est bouclée !

Des taux de recyclage poussés par la filière, les pouvoirs publics et des campagnes incitatives. Aujourd’hui, le taux de recyclage moyen du verre dans l'Union européenne est de 76 % (selon la Feve, Fédération Européenne du Verre d'Emballage). La Belgique, la Finlande et la Suède figurent parmi les bons élèves, avec des taux supérieurs à 90%. La démarche européenne « Close the glass loop » réunissant l’ensemble des acteurs du verre vise à porter le taux de collecte du verre à 90% d’ici à 2030. Elle s’appuie sur de nombreuses campagnes de sensibilisation auprès des citoyens pour faire évoluer les comportements. En France, le tri du verre progresse de façon spectaculaire depuis 1974, date de la mise en place de la collecte du verre. Démarrant à 59%, il a atteint 88% en 2021. Avec ses 205 000 points de collecte, soit 1 point de collecte pour 276 habitants, les Français ont presque tous un point de collecte près de chez eux. Chaque année, 2 559 000 tonnes sont récupérées. Une distance moyenne de 260 km sépare les points de collecte des usines de recyclage. Il s’agit d’une véritable économie locale avec 98% des emballages en verre recyclés dans l’Hexagone, grâce à ses 14 centres de traitement et 17 usines verrières.

A moitié vide, à moitié plein, le verre se réemploie. L’ONG Zero Waste Europe questionne pourtant le caractère « vert » du verre dans son rapport ‘How circular is glass’ (2022). S’il a pour lui sa capacité à être recyclé à l’infini, il a en revanche le défaut écologique d’être lourd (en tout cas plus lourd que ses concurrents en plastique et en métal !). Et ce en dépit des efforts de ces 25 dernières années pour réduire le poids des emballages en verre à juste ce qu’il faut de matière pour assurer la conservation et la protection du produit (par exemple, -20% pour une bouteille d’huile). Le verre est également gourmand en énergie au moment de sa fabrication. Ce qui rejoint les études de l’Ademe, qui montrent qu’une bouteille de verre réutilisée est moins énergivore qu’une bouteille recyclée ou incinérée, avec moins d’émission de gaz à effet de serre, des économies d’eau et de ressources, et la participation à la réduction des déchets. Repousser au maximum le moment de la re-fabrication de verre en privilégiant le système de consignes pour réemploi est donc clé. Cette solution, très répandue chez nos voisins allemands, était autrefois la norme en France. Elle consiste à payer quelques centimes d’euros, récupérés au moment de rapporter le contenant. La bouteille consignée vit plusieurs vies (jusqu’à 20 cycles) : chaque fois, elle subit un passage en station de lavage avant retour chez le producteur pour être re-remplie, le verre étant un matériau assez solide et hygiénique pour être récupéré et reconditionné avant de revenir sur le marché.

Consigne un jour, consigne toujours ? Depuis une dizaine d’années, la consigne du verre semble faire son retour dans nos enseignes alimentaires. Même si cela reste marginal en termes de collecte par rapport au recyclage du verre qui représente chaque année plus de 2 millions de tonnes de déchets. Selon le Réseau France Consigne, en 2022, 1,4 millions de bouteilles soit 700 tonnes de verre ont été récupérées dans 700 points de vente, lavées et remises en circulation grâce à une dizaine d’opérateurs régionaux. Des initiatives locales se multiplient, sous l’impulsion des acteurs de la grande distribution ou encore de coopératives. En France, une célèbre marque de soda a récemment généralisé pour l’ensemble de ses marques les bouteilles de verre consignées, un signal fort pour la planète.

Concrètement, au quotidien je fais quoi ? D’abord mieux trier le verre. La céramique, la porcelaine, la faïence, les vitres, les ampoules, les plateaux micro-ondes, les écrans d’ordinateurs, les miroirs, les verres de cuisine cassés (verre à vin, flûte de champagne, verre à eau)… ne doivent pas être jetés dans les bennes à verre ! Rappelez-vous l’exemple du plat à four en verre dans le quizz sur les objets difficiles à recycler : il n’est pas recyclable car le verre culinaire a une composition chimique et une température de fusion différentes ! Bouteilles, pots de crème, bocaux et flacons de parfum doivent être mis au tri de préférence sans leur couvercle ni leur bouchon. S’il est recommandé de bien vider son pot de moutarde avant de le déposer au conteneur, il n’est pas indispensable de le rincer, la température de fusion faisant disparaître rapidement les résidus. Pratiquer la consigne et être attentif aux logos, par exemple le pictogramme «Rapportez-moi pour réemploi », apposé sur certains produits. Enfin, réaliser son propre réemploi du verre, en venant acheter ses produits avec ses propres bocaux dans les magasins qui le proposent !




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